Avec le Super Biton de Ségou, on remonte littéralement le temps et l’on croise au fil des années soixante et soixante dix : Louis Armstrong en 1960 et Duke Ellington en 1967 durant leurs tournées africaines qui ont marqué et donné des vocations à d’innombrables musiciens, les débuts de la musique amplifiée, Radio-Brazzaville et la musique congolaise influencées par les percussions cubaines ou encore les biennales artistiques et culturelles nationales qui récompensaient les meilleurs orchestres du Mali. Tous ces éléments cruciaux ont permis au Mali de se doter d’orchestres musicaux existant sous l’égide de l’Etat qui ont rayonné dans l’Afrique entière : le Rail Band de Bamako, les Ambassadeurs du Motel, le Goffé Star de Kayes, le Kéné Star de Sikasso, le Kanaga de Mopti, l’Ensemble Instrumental du Mali, le Mystère Jazz de Tombouctou, et bien sûr, le Super Biton de Ségou.
Né au début des années soixante au gré de différentes fusions d’orchestres comme L’Alliance Jazz de Ségou, l’Orchestre Régional de Ségou ou encore l’Echo du Royaume Bambara de Ségou (ERBAS), le Super Biton de Ségou a traversé les décennies jusqu’à nos jours sous ce nom depuis 1973, année durant laquelle un jeune étudiant, futur premier Ministre de la Transition en 1992, Zoumana Sacko, rebaptisa la formation en hommage au mythique roi du Royaume Bambara de Ségou, Mamari Biton Coulibaly, qui régna de 1712 à 1755.
Au cœur de cette formation, on retrouve le regretté Amadou Bah, surnommé “Armstrong” suite à sa rencontre marquante avec le trompettiste américain lors de sa seconde tournée africaine en 1960. C’est le chef d’orchestre de la formation ségovienne, respecté par tous et ayant su fédérer autour de lui à partir des années soixante une fine équipe de musiciens, 19 au total, tous plus talentueux les uns que les autres avec chacun sa spécialité. Le savoir-faire du Super Biton lui a valu au fil des ans de s’imposer comme l’un des meilleurs orchestres du Mali, gagnant au passage les Biennales nationales en 1970, 1972, 1974 et surtout 1976. Lors de cette dernière Biennale, le 18 mars très exactement, le Super Biton est même sacré Orchestre National, déclaré hors-compétition et nationalisé par un décret du journal officiel.
Cette reconnaissance nationale anticipe une reconnaissance dans toute l’Afrique puis à l’international. D’abord au Festival Festac à Lagos en 1977, où sa formule unique, le Bambara jazz, qui mêle instruments amplifiés et cuivres, percussions cubaines et mise en avant du chant, tape dans l’œil du public européen. La formation s’envole alors pour la France dans le cadre du Festival Jazz&Musiques métisses d’Angoulême en 1983. Et deux ans plus tard, c’est le Palais des Glaces de Paris qui accueille le Super Biton, prélude à une tournée en France, aux Pays-Bas puis en Allemagne en 1986.
A partir de 1988, c’est la traversée du désert qui s’achèvera au début des années 2000 avec la reformation du Super Biton désormais emmené par Mama Sissoko.
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