LE PROJET
Révéler à la face du monde toutes les richesses musicales du Mali, et plus particulièrement la musique de la région du Mandé, berceau des grandes familles de griots : c’est le dessein hautement louable de ce LP The Lost Maestros Collection. Pour perpétuer et transmettre cette histoire musicale ancestrale, The Lost Maestros Collection rassemble 8 merveilles du Mali. Ils ont su chacun à leur façon faire évoluer cette tradition vers des contrées plus modernes et électrifiées. Celle-ci associe pionniers de la musique mandingue et acteurs de la jeune génération post-indépendance du Mali.

 

INITIATIVE DE MIERUBA
The Lost Maestros Collection est le fruit de la collaboration entre Deviation Records, tout fraîchement créé par Phil Margueron, et le label malien indépendant Mieruba qui œuvre depuis 2010 pour que cet âge d’or de la musique mandé ne tombe pas dans l’oubli. Conscient que ces pépites ne sont pas éternelles, Mieruba, basé à Ségou sur les bords du fleuve Niger et capitale de l’ancien royaume Bambara, a entrepris durant huit années la préservation de cet héritage musical en couchant sur bandes ces 16 morceaux au Kôré studio de Ségou ainsi qu’au célèbre studio Bogolan de Bamako.

The Lost Maestros Collection est disponible depuis le 12 juin 2021. Une édition consacrée aux femmes maliennes est prévue pour 2024.

En collaboration avec :

Artistes – The Lost Maestros

Zoumana Tereta

Malheureusement décédé en 2017, Zoumana Tereta, surnommé “Zou”, né dans la région de Ségou, fut le maître incontesté du So-kou, le violon traditionnel à une corde très présent en Afrique de l’Ouest et reconnaissable avec sa queue de cheval. Il a accompagné de nombreux artistes maliens comme Bassékou Kouyaté, Ali Farka Touré, Oumou Sangaré, Djénéba Seck ou encore Toumani Diabaté. Ses deux morceaux, Dunia et Falla revisitent magistralement le répertoire pentatonique bambara ségovien.

Askia Modibo

D’abord chantre de la musique traditionnelle bambara sous son vrai patronyme Modibo Koné, Askia Modibo bifurque à la fin des années 80 vers le reggae grâce à sa rencontre avec Alpha Blondy et Tiken Jah Fakoly. Avec les titres Sebella et Ngioumamba, issus de son album Héritage, Askia Modibo aborde avec humilité et maîtrise le blues mandingue.

Labouzou

Avec Labouzou, de son vrai nom Daouda Dembélé et percussionniste renommé dans toute l’Afrique de l’Ouest, on retrouve les grands orchestres africains qui résonnèrent sur tout le continent africain à partir des années cinquante. Et pour cause, Labouzou est le petit frère des musiciens Papa Gaoussou Diarra and Aboubacar Kissa, membres de l’éminent orchestre du Super Biton National de Ségou.

Les 2 morceaux présents, So Happy In You et Balanzan 4444, s’inspirent largement de la musique traditionnelle bambara et rendent entre autres hommage à la ville de Ségou, également appelée la cité aux 4444 balanzans, l’autre nom de l’acacia mythique de l’ancienne capitale du royaume bambara.

Thiowa Dembélé

Né à Mandjakui dans l’ancienne capitale de l’ancien royaume Bobo, Thiowa Dembele est le véritable gardien de la tradition musicale Bobo, ethnie originaire du Burkina Faso et installée dans les environs de la ville de Ségou. A travers les 2 titres Ho Imimouwo et Mahari de ce fabuleux artiste disparu en 2020, on retrouve toute la richesse de cette musique particulière qui utilise la gamme pentatonique si reconnaissable par le biais des percussions et du balafon.

Trico Boy

Surnommé le “godfather” de la musique moderne malienne, Trico Boy fait ses débuts dans la musique en 1968 à Medina Coura, dans la banlieue de Bamako au sein de l’orchestre Pionnier Jazz. Guitariste émérite, il exporte ensuite son talent en Côte d’Ivoire au début des années 70 en créant Les Asselars avec Cheick Tidiane Seck et Mahamane Tandina.

Désormais fort d’une cinquantaine d’années d’expérience, il mêle de par ses morceaux Mani Kuru et Tchierombaye le répertoire de ses ancêtres avec un son résolument moderne, rappelant l’effervescence musicale de sa jeunesse.

Tambaoura Jazz

Le Tambaoura Jazz est un collectif qui rassemble d’illustres noms de la musique malienne mais pas seulement. En effet, il rappelle le temps des orchestres choisis pour représenter les différentes régions du Mali dans les années 70 dans le cadre des Biennales culturelles régionales. Parmi ces orchestres, le Tambaoura Jazz se détache naturellement de par la qualité de sa musique.

On y retrouve ainsi Mamoudou Camara, appelé également Mangala, Abdoul Karim Bagaga, Moulaye Mourou, Djelibani Sissoko et Broda Diabaté. Si Mangala quitte rapidement le collectif, le Tambouara Jazz continuera à perpétuer la tradition jusqu’en 1986. Quarante ans plus tard, les titres Kabu, Salia et Magasse sont l’émouvant témoignage de ses retrouvailles musicales.

Namakoro Fomba

Sa voix pure et cristalline est reconnaissable entre mille et fit le succès de l’orchestre Baniko Jazz dans la région de Dioïla d’où Namakoro est originaire. Après un détour vers la Côte d’Ivoire puis sa rencontre avec Sory Bamba de l’orchestre Le Kanaga de Mopti, Adama Namakoro Fomba collabore avec le guitariste et chanteur Koko Dembélé. Segou to Yanfolila, le titre présent sur ce double vinyle, met en avant avec brio le répertoire de la musique bambara.

Mangala Camara

Co-fondateur du label Mieruba, Mamoutou “Mangala” Camara est décédé en 2010. Il laisse derrière lui un héritage qui marquera à jamais l’histoire musicale contemporaine du Mali, lui qui ne devait au départ pas chanter car n’étant pas né dans une famille de griots.

De sa participation au Tabouara Jazz dès sa jeunesse à sa rencontre avec l’immense Salif Keita qui le remarquera lors de la Biennale du Mali avec l’Orchestre régionale de Kayes et lui demandera de le rejoindre dans le groupe Les Ambassadeurs internationaux, Mangala a su promouvoir tout au long de sa longue carrière avec un talent incommensurable les musiques traditionnelles mandingues. Djelale et Fantanden, ses deux morceaux, furent enregistrés au studio Bogolan de Bamako peu avant sa disparition.

L’album The Lost Maestros disponible : ↓